Fabriquer une qualité qui contribue au Désir de Ville
Point sur les engagements et les actions de la SEMAPA, interview croisée de Salomé Boyer, directrice de la Ville Durable et de Ludovic Vion, directeur de la programmation et de l’urbanisme.
Quand et comment la SEMAPA s’est-elle engagée dans le développement durable ?
LUDOVIC VION : C’est une longue histoire qui a connu une accélération ces vingt dernières années. Dans nos métiers, la préoccupation environnementale a toujours été présente. Nous avons toujours été économes et attentifs au confort en ville, à la qualité des bâtiments ou à la présence de transports publics. Nous faisions déjà du développement durable mais sans véritablement le formaliser. Quand la norme de management environnemental ISO 14001 s’est créée1, nous nous y sommes aussitôt intéressés. Elle ciblait plutôt la production industrielle mais nous avons mené un important travail de transposition pour l’adapter aux métiers de l’aménagement. C’est ainsi que la SEMAPA est devenue, en l’an 2000, le tout premier aménageur à décrocher la certification. Cette démarche nous a vraiment permis d’évoluer.
SALOMÉ BOYER : S’inscrire dans un système de management environnemental implique en effet de poser des mots, des méthodes et des objectifs clairs et mesurables. C’est une stratégie d’amélioration continue : nous sommes audités tous les ans et, à chaque fois, nous reconsidérons tous les sujets, en matière environnementale comme de pratiques.
De quels leviers disposez-vous pour concrétiser votre stratégie ? Produit-elle un effet sur le terrain ?
L. V. : Agir à l’échelle d’un quartier permet d’avoir un impact environnemental et social significatif. Nous pouvons démultiplier les possibilités d’usage d’un espace, y compris dans le temps avec l’urbanisme temporaire, développer l’économie solidaire. C’est la bonne échelle pour gérer les eaux pluviales, agir en faveur de la biodiversité, aménager le paysage en restaurant des continuités végétales. C’est aussi la grande échelle qui permet de travailler sur la mutualisation des moyens pour être le plus performant possible.
S. B. : Au-delà de l’exemplarité de nos réalisations lorsque nous sommes maîtres d’ouvrage, notre rôle de prescripteur est fondamental. Nous imposons d’aller au-delà du cadre réglementaire afin de construire une ville toujours plus vertueuse. Pour garantir un haut niveau de performance environnementale, nos cahiers des charges incluent notamment des certifications au profils ambitieux tant pour les programmes d’activités économiques et les équipements que pour les logements. Pour l’habitat par exemple, un profil territorialisé, Ville de Paris, renforce les exigences de la certification Haute Qualité Environnementale.
L. V. : Les mentalités évoluent ! Alors que certains sujets comme, par exemple, les toitures végétalisées provoquaient de la réticence, la question ne se pose plus aujourd’hui. Fabriquer une qualité qui contribue au désir de ville est un état d’esprit de mieux en mieux partagé.
(1) par l’ISO (organisation internationale de normalisation)