Nouveau matériau bas carbone à l’essai

La SEMAPA teste le béton d’argile sur la promenade plantée Claude Lévi-Strauss. Paris Rive Gauche affirme sa dimension de « laboratoire vivant » pour faire éclore la ville post-carbone.
Pourquoi remplacer le béton ? Le béton est l’un des matériaux les plus consommés au monde. Et c’est aussi l’un des plus émetteurs de gaz à effet de serre : il pèse presque
8 % des rejets de dioxyde de carbone (CO2), soit près du triple des émissions de l’aviation mondiale. Le principal responsable de ce lourd bilan est le ciment qui sert de liant au sable et au gravier dans sa composition. Il est principalement constitué de clinker, du calcaire cuit à 1400 degrés ce qui nécessite une quantité vertigineuse d’énergie fossile, seule capable d’atteindre de telles températures.
Dans la Stratégie Nationale Bas Carbone (SNBC) les objectifs de l’industrie cimentière sont ambitieux : ils prévoient une baisse de 24 % des émissions en 2030 et de 80 % en 2050 par rapport à 2015.
Or, à quelques années de la première échéance, on est encore loin du compte et il est impératif de faire ce que l’on appelle en innovation la « preuve du concept », c’est-à-dire la démonstration sur site – dans la « vraie vie » – sans renoncer au confort d’usage, de la performance de nouveaux matériaux visant le zéro carbone.
De l’argile crue, qui l’eût cru ?
La recherche d’un nouveau matériau, qui serait aussi solide et facile à mettre en oeuvre que le béton, est lancée ! On a beaucoup parlé du béton bas-carbone où le laitier (une impureté du minerai de fer) remplace une partie du clinker. Mais les haut-fourneaux restent indispensables à sa fabrication. L’argile est un matériau universel. On en trouve partout dans les sols, en France et dans le monde entier, on peut le produire partout. Le Cold-activated Clay Cement (CCC®, protégé par plus de 80 brevets internationaux) est issu d’argile non calcinée provenant de déchets de carrières ou de terres excavées de chantiers. Il est 100 % recyclé et recyclable.
Sur la promenade plantée, c’est donc le béton d’argile Materrup (la recette de la jeune entreprise landaise compte plus de 70 % d’argile crue) qui est testé sur une bande de 40 mètres de long sur 3 à 4 mètres de large, avec 7 finitions différentes.