Le contexte

Le site de Bercy-Charenton est situé dans le 12^e arrondissement de Paris, entre le bois de Vincennes, la Seine, le quartier de Bercy/St-Emilion et la ville de Charenton-le-Pont. Il s’étend sur 80 ha dont 50 ha hors voies ferrées. Mis à part le plateau sportif Léo Lagrange, ce secteur accueille principalement des activités d’entreposage, de logistique et des installations ferroviaires aujourd’hui pour partie obsolètes. Ce territoire est morcelé, bordé et traversé par des infrastructures de transport lourdes (voies ferrées, boulevard périphérique, échangeur de Bercy, A4, quai de Bercy…). Il constitue une enclave coupée des quartiers voisins et offre un environnement inhospitalier. Les liaisons entre Paris et Charenton- le-Pont (liaisons piétonnes ou cyclistes) et les accès vers la Seine et ses berges sont limités et peu qualitatifs.

Le site occupe toutefois une position remarquable au sud-est de la Capitale et présente des enjeux d’aménagement majeurs, à proximité directe de la Seine et à la croisée des quartiers environnants du 12^ème arrondissement, du Bois de Vincennes, du 13^ème arrondissement et de la Ville de Charenton-le-Pont. Ces enjeux d’aménagement et la mutation du site doivent par ailleurs s’inscrire dans une compatibilité avec le maintien et le développement de l’exploitation ferroviaire, avec la préservation (ou la reconstitution) et le développement d’infrastructures afférentes (lien avec le faisceau de la gare d’Austerlitz, fret ferroviaire…). Étant donné les enjeux du projet et la complexité du site, la Ville de Paris a fait le choix de développer le projet dans le cadre d’une Zone d’Aménagement Concerté (ZAC) dont elle a confié le pilotage en juillet 2018 à la SEMAPA.

Un projet urbain requestionné

Imaginé à l’issue des études urbaines engagées en 2009, le projet retenu prévoyait de développer un quartier d’une forte intensité bâtie, avec une constructibilité d’environ 560.000 m² autour d’une programmation mixte.

En 2021, afin de répondre à l’urgence accrue des dérèglements climatiques, la Ville de Paris a souhaité réorienter l’opération vers un projet plus vertueux. Pour requestionner le projet, la SEMAPA a alors organisé et animé en lien avec la Ville de Paris une Conférence citoyenne qui, réunissant des citoyens représentatifs de la population, s’est interrogée sur l’ensemble des enjeux du projet : densité et formes urbaines, logements, activités, équipements, résilience, enjeux climatiques, mobilités, financement…

Le projet

Développé sur cinq secteurs – Lamé, Rapée, Triangle, Poniatowski et Léo-Lagrange, le projet urbain vise à requalifier le site en proposant une programmation urbaine mixte, en facilitant l’accueil de nouveaux modes de transports en commun et en désenclavant les quartiers par un nouveau réseau d’espaces publics variés. La desserte du secteur, conçue pour créer des continuités et simplifier les parcours pour tous les modes de déplacements, notamment les modes actifs (piétons, vélos), s’organise autour d’une trame viaire composée du prolongement de la rue Baron-le-Roy jusqu’à Charenton-le-Pont, d’une liaison piétonne majeure qui relie la place des Terroirs de France jusqu’à Charenton-le-Pont et de voies de desserte locales qui irriguent les différents quartiers et relient un réseau de placettes.

L’organisation du territoire, définie à partir d’une approche écologique, paysagère et fonctionnelle, vise également au renforcement de la biodiversité et la mise en relation du patrimoine paysager et naturel du site avec le bois de Vincennes, la Seine et le parc de Bercy. Il s’agit d’accorder davantage de place aux espaces verts, avec la création d’un nouveau parc en pleine terre et multi-strates, au-delà de la création de corridors écologiques (notamment entre le Bois de Vincennes et la Seine) incluant la petite ceinture et un maillage d’espaces publics fortement végétalisés contribuant à la désimperméabilisation des sols et la lutte contre l’îlot de chaleur urbain.

Le projet, dont les bâtiments ne dépasseront pas 37m de haut, vise la sobriété carbone, énergétique et foncière, notamment par le recours aux matériaux de construction bio et géo-sourcés, et la mise en place d’une stratégie énergétique reposant sur des ressources renouvelables et/ou de récupération. L’implantation des bâtiments de logements et leur conception devra par ailleurs permettre de ne pas exposer les habitants aux nuisances générées par le boulevard périphérique. Il en sera de même pour les établissements accueillant des populations sensibles.

Au nord, le projet prévoit de réaménager le stade Léo Lagrange en améliorant l’offre sportive tout en inscrivant les aménagements futurs dans la continuité du Bois de Vincennes.

Au sud, la gare de la Rapée, élément patrimonial structurant au cœur du site, peut permettre de créer des lieux inédits dont la programmation est à définir.